Ce quartier de la gare de Bayonne est en pleine mutation : Saint-Esprit, où la communauté juive a ses racines (1), se gentrifie. La vieille synagogue – érigée rue Maubec en 1837 – a, elle aussi, pris le train en marche : les travaux de la troisième tranche de réfection de l’ensemble sont en phase d’achèvement. Ravalement de façade, appartement du rabbin et musée rénovés, porche et parvis flambant neuf, vitraux remplacés, la synagogue, d’une clarté immaculée ce vendredi matin, a retrouvé une seconde jeunesse.
« La synagogue n’avait pas été rénovée depuis sa construction en 1836-1837, confie Patrick Dacharry, de l’Association cultuelle israélite (ACI) de Bayonne Biarritz. Elle avait donc besoin d’une vraie cure de jouvence, entamée en 2012 ! Nous sommes très heureux du résultat. »
La synagogue de Bayonne a été inaugurée le 27 septembre 1837. Émilie Drouinaud/SUD OUEST
600 000 euros de travaux
Des travaux d’envergure ont été menés pour mettre aux normes la maison de prières de la communauté juive, qui pratique la liturgie hébraïque du rite séfardi (hispano-portugais), comme à Bordeaux et à Buffault à Paris ou à Amsterdam.
Depuis l’arrivée à la présidence de l’ACI de l’avocate et adjointe au maire de Bayonne Déborah Loupien-Suarès, « les choses ont bougé, convient M. Dacharry, elle est très dynamique, la communauté lui doit beaucoup ».
Pour une enveloppe globale de quelque 600 000 euros, la synagogue aux faux airs de temple grec, inscrite sur la liste des Monuments historiques en 1995 et classée depuis le 20 janvier 2012, a retrouvé son lustre d’antan. Au plus grand plaisir des quelque 200 familles de la communauté israélite des Pyrénées-Atlantiques et des Landes.
La synagogue est située quartier Saint-Esprit à Bayonne. Émilie Drouinaud/SUD OUEST
Du travail d’orfèvre
Les 21 vitraux ont été refaits à neuf à l’identique par le maître verrier Gérald Franzetti, dont l’atelier est situé à quelques encablures. Le spécialiste de la restauration de vitraux de monuments classés historique a effectué, avec sa fille Pauline et Émilie, vitraillistes, du travail d’orfèvre.
Un travail entamé en janvier avec la dépose des vieux vitraux, dont la fameuse rose au-dessus de l’arche sainte, puis leur restauration à l’atelier de Saint-Esprit. « ll a fallu tous les démonter, décrit Pauline, changer des verres, mais aussi réparer les châssis métalliques, les ouvrants et les filets des vitraux. » La repose des vitraux a été réalisée le 2 mai dernier. « C’est reparti pour 150 ans », sourit Gérald Franzetti.
(1) Dans ce quartier s’installèrent des familles juives hispano-portugaises au début du XVIe siècle.
Un vitrail rénové de la synagogue. Émilie Drouinaud/SUD OUEST
Le parvis tout neuf de la synagogue. Émilie Drouinaud/SUD OUEST
Un nouveau mikvé
Il existe un mikvé, place de la République. Le bain juif purificateur n’est pas ouvert au public. L’ACI Bayonne Biarritz a lancé une campagne de dons pour construire un mikvé, attenant à la synagogue. « Un mikvé est un lieu essentiel de la purification, notre Sainte Thora nous l’impose, explique Déborah Loupien-Suarès. Il est un élément très important dans la vie juive. » Le bain juif sera construit dans les règles de la Kasherout, de l’hygiène et de l’esthétique, dans le jardin de la synagogue.
Contact du projet mikvé, Michel Hazzout au 06 27 94 64 93.
Le mikvé sera implanté dans le jardin attenant à la synagogue. Émilie Drouinaud/SUD OUEST